L’insécurité alimentaire

Toute mon enfance, je n’ai jamais senti que j’allais manquer de nourriture. Je n’ai jamais senti que mes parents se privaient de certains aliments. J’ai toujours très bien manger, à ma faim et des produits de qualité.

À chaque année aussi, je passais la Guignolée avec ma famille. Encore aujourd’hui je la passe. Ça m’a pris du temps cependant à réaliser que la nourriture ramassée dans ma petite ville servait à des gens qui vivaient dans cette même petite ville. C’est comme si j’ignorais que la pauvreté se trouvait si près de moi. Dans ma tête ça se trouvait juste dans les autres pays ces affaires-là.

Je l’ai surtout réalisé lorsque j’ai commencé faire du bénévolat au Club des petits déjeuners. Au départ, je m’étais proposée comme bénévole simplement parce que j’avais des heures obligatoires à compléter à l’école. Rapidement, j’ai fait ces heures et j’ai continué. Je ne pouvais pas les abandonner. J’avais l’impression de jouer un grand rôle dans leur petite vie d’enfant. Donc, deux matins semaines pendant plusieurs mois, je faisais du bénévolat de 6h à 8h, juste avant mes cours à moi. Ça me comblait de bonheur de les voir manger à leur faim le matin. Mais ça me rendait triste également de réaliser que pour certains c’était leur seul repas de la journée.

Ce bénévolat et cette prise de conscience m’ont inspirée mon projet de fin d’étude au cégep: l’impact de l’insécurité alimentaire sur le développement des enfants. Ce phénomène est un cercle vicieux qui touche un bon nombre de personnes, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde. C’est donc pour cette raison que j’ai décidé de résumer brièvement ma recherche et de fournir des solutions claires et selon différents thèmes directement sur le blogue.

  1. Qu’est-ce que l’insécurité alimentaire?

En fait, pour mieux comprendre le concept d’insécurité alimentaire, il est intéressant de définir la sécurité alimentaire, soit son contraire. De là, selon le chercheur de l’Université Laval Étienne Cantin, la sécurité alimentaire «existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».

À l’opposé, l’insécurité alimentaire serait alors l’incapacité à s’approvisionner en quantité suffisante des aliments de qualité qui permet d’atteindre un apport nutritif adéquat. Au Canada, c’est près de 1,1 million de ménages qui font face à l’insécurité alimentaire et «39,4 % des ménages ayant un faible revenu ont souvent ou parfois peur de manquer de nourriture pour des raisons financières» selon la chercheuse Caroline Wang de l’Université de Sherbrooke.

2. Qu’est-ce qui cause l’insécurité alimentaire?

Les causes de l’insécurité alimentaire sont souvent économiques. En effet, c’est souvent un faible pouvoir d’achat, soit lorsque la quantité de bien et de services qu’il est possible d’acheter est petite. Avoir un petit pouvoir d’achat induit souvent à avoir peu de flexibilité dans le budget. De plus, l’alimentation paraît souvent comme étant l’une des seules dépenses dites «compressibles». Cela signifie qu’il est plus facile de couper le budget dans la facture d’épicerie que ne pas payer la facture d’électricité ou de logement, par exemple.

Une famille ou une personne qui fait face à l’insécurité alimentaire n’est donc pas forcément qualifiée de pauvre. Mais la pauvreté, elle,  engendre l’insécurité alimentaire.

Les épisodes peuvent êtres temporaires ou chroniques. Selon la durée et l’intensité de celles-ci, les conséquences ne sont pas les mêmes.

3. Les conséquences de l’insécurité alimentaire

L’insécurité alimentaire amène souvent des comportements alimentaires assez néfastes, puisque le choix des aliments est parfois restreints ou encore parce que la quantité d’aliments est limitée. Ces comportements engendrent souvent de la malnutrition, donc une alimentation qui comporte certaines lacunes. En fait, la littérature scientifique divise la malnutrition en deux catégories distinctes, soit la dénutrition et la surnutrition. La dénutrition se définit par la malnutrition par carences en certains minéraux ou en certaines vitamines. De son côté, la surnutrition se caractérise par une trop grande consommation de calories, lipides ou glucides. Dans les deux cas, la malnutrition nuit à la réalisation des activités quotidiennes ou à l’humeur, notamment.

4. Les conséquences sur les enfants

Lorsque les enfants sont touchées par l’insécurité alimentaire, le problème devient plus grand. En effet, la malnutrition affecte le développement cognitif et moteur. La réussite scolaire des jeunes peut même être liée aux mauvais comportements alimentaires. D’ailleurs, une étude a été réalisée concernant l’impact de la dénutrition lors de la première année de vie sur la réussite de l’enfant à l’école. Celle-ci a démontré que les enfants qui ont fait face à la dénutrition ont une réussite scolaire inférieure ainsi qu’un QI plus faible que les enfants qui n’ont jamais été dénutris. Aussi, il est important d’ajouter que les conséquences de la dénutrition lors de la petite enfance sont irréversibles.  En effet, les conséquences continuent de persister à l’âge adulte et pendant la vieillesse. Enfin, , les individus qui font face à la dénutrition sont plus à risque de développer des maladies cardiaques, le diabète, des allergies alimentaires et de l’hypertension.

5. Les problèmes scolaires

Si le développement cognitif est entravé, alors forcément des problèmes scolaires peuvent survenir. Lorsqu’il est question de problèmes scolaires, on parle de troubles d’apprentissage et de problèmes de comportement.

Il y a trois facteurs qui ont été ciblés comme étant à risque d’engendrer des problèmes scolaires chez un enfant. On parle d’abord d’hérédité, puis de facteurs biologiques qui surviennent suite à des dommages sur le système nerveux central. Toutefois, c’est le dernier facteur qui est présent chez une plus grande proportion d’enfants, soit les facteurs environnementaux. De plus, des chercheurs de l’Université de Montréal ont mentionné que  «les risques de retard dus à des facteurs environnementaux seraient surtout observables chez les élèves provenant de milieux défavorisés».

6. L’exclusion sociale

L’exclusion sociale est un concept difficile à définir. Il se rapproche de la pauvreté, sans tenir compte que la nature économique. En fait, l’exclusion sociale est la finalité de la pauvreté, lorsque l’individu est «exclu» de la société. En ce sens, elle se remarque lorsqu’il est privé de certains biens et de services, lorsque son accès à certains logements ou milieux de travail est affecté ou encore lorsque ses relations sociales sont touchées.

7. Cercle vicieux

En somme, les difficultés économiques d’une personne peuvent provoquer de l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire influence les comportements alimentaires qui peuvent amener de la malnutrition. La malnutrition affecte la santé et le développement cognitif et moteur des jeunes. Or, les jeunes qui ont eu des difficultés dans leur développement cognitif et moteur peuvent présenter des problèmes scolaires par un trouble d’apprentissage ou par des problèmes de comportement. Finalement, l’exclusion sociale peut frapper dans l’un ou l’autre de ces stades si l’individu devient «exclu» du reste de la société.

8. Les solutions?

Vous trouverez les pistes de solutions dans le prochain article! 🙂

Bref, le problème est bien plus grand et complexe que ces quelques lignes. Ce n’est qu’un court résumé de l’essentiel du phénomène. Aussi, il est bien d’ajouter qu’une fois entré dans ce cycle, il devient difficile de sortir puisque chaque conséquences contribuent et renforcent à la suivante.