Ça m’a pris longtemps à réaliser que j’étais belle. Belle à ma manière, dans mes imperfections. Ça m’a pris du temps à réaliser que peu importe si ma shape ressemble à une noisette ou à une ciboulette ça ne définit ni ma beauté ni mes qualités. La beauté c’est ce qu’on dégage. Et aujourd’hui j’ai compris ça.

J’ai fait du ballet classique pendant 15 ans. Je me suis mise en collant rose et en maillot noir pendant 15 ans. Devant d’autres filles qui devenaient femmes plus ou moins en même temps que moi. Se comparer secrètement était la chose la plus simple pour nous. J’enviais un peu celles qui avaient moins de hanche que moi parce que j’avais l’impression que sur mon corps on ne voyait que ça. J’essayais de les camoufler un peu sous des jupes que je confectionnais.

Je me comparais aussi avec les filles que je voyais à la télé, sur les réseaux, dans la rue. Parce que dès que tu commences à moins aimer ton corps, après ça tu ne vois que ses défauts. Ou ce qu’on croit être ses défauts.

Sans que ça en devienne une maladie, je pense que la majorité des gens ont un jour ou l’autre cette difficulté d’accepter son corps. Qu’est-ce que tu veux, on le voit tous les jours de si près que ça en devient inévitable d’être parfois sévère avec lui. Mais justement, on le voit tous les jours de si près alors on est bien mieux de l’apprécier parce que anyway on est pogné avec peu importe et pour très très longtemps. C’est presque le seul qu’on voit. Il vaut mieux le chérir. En prendre soin avec des activités physiques et des desserts. Le tenir en forme et le récompenser. L’accepter.

C’est difficile parce qu’il faut à la fois s’encourager à bouger et à bien manger pour prendre soin de son corps et éviter que ça devienne une obsession. Il faut trouver cet équilibre entre la santé physique et mentale. Entre prendre soin de soi et se gâter. 

Je doute que pour plusieurs, la quarantaine a amené pas mal de mauvaises perceptions de son corps. Parce que la routine s’est brisée. Les gyms ont fermé. Et la motivation, elle, n’était pas toujours au rendez-vous, même si c’était pourtant la seule qu’on avait le droit d’inviter à la maison.

Personnellement, je crois que j’ai réussi à aimer mon corps. Depuis un bon moment déjà. 

Je l’ai complimenté fort. Je le complimente encore.

J’aime ça la ciboulette. J’aime ça les noisettes. Alors peu importe je suis quoi, j’aime ça. Peu importe vous êtes quoi, j’aime ça. Et vous aussi, vous devriez aimer ça. Parce que t’as beau être une poire ou une carotte, il ne faut jamais oublier qu’en donnant de nous, nous sommes des perles.

Crédits de l’image : Frédérique Thibodeau